Revue ROME mystérieuses catacombes
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Revue ROME mystérieuses catacombes

Code de produit : 206982

Réveiller une mémoire enfouie

L’idée de réaliser un dossier sur les catacombes romaines m’est venue en juillet de l’année dernière. Nous préparions alors le numéro 222 sur « Les Arabes chrétiens » et nous cherchions une photographie spectaculaire pour ouvrir, sur une double page, la séquence archéologie. À l’heure du choix final, s’est imposée une image produite lors de la conférence de presse de la Commission pontificale d’archéologie sacrée, dévoilant le nettoyage du cubiculum des boulangers, dans la catacombe de sainte Domitille à Rome (cf. n°?222, p. 72-73) ; nous donnons un autre aperçu de cette chambre funéraire en page 71.
La photographie a rallumé l’envie plus ancienne d’en connaître davantage sur ces souterrains de Rome. Ils sont empreints pour beaucoup d’entre nous, moi le premier, de mystère, de légendes, et finalement d’une méconnaissance qui excite la curiosité.
Le processus est aussitôt engagé : prospection dans la collection du Monde de la Bible pour savoir ce que la revue a déjà publié sur le sujet ; puis rédaction d’un premier argumentaire à soumettre au comité éditorial et scientifique (voir rabat de fin). Par chance celui-ci devait être réuni début septembre, et la discussion s’est engagée sur le thème. Fallait-il se concentrer sur ce monde souterrain ou élargir le sujet à la Rome orientale, voire à d‘autres pans du patrimoine chrétien romain antique ? À lire le dossier que nous présentons dans ce numéro, je suis convaincu que limiter le sujet aux seules catacombes fut le bon choix.
Les archives de la revue ont permis de sortir un numéro publié en avril 1997 « Rome et la Bible. De l’art antique à l’art chrétien » (n° 103), dossier passionnant mais les catacombes n’y occupaient que quelques articles. Puis, un autre plus complet, « Rome Genèse de l’Église. L’énigme des catacombes » (n°?73), daté de 1991. Or comment ne pas croire que depuis 20 ans rien de nouveau n’aurait modifié la compréhension de ces lieux obscurs, de leur mobilier et de leurs décors ?

Une exploration intrigante

Restait à construire un sommaire et à trouver des auteurs qualifiés. Je dois beaucoup à Aurélien Caillaud qui a su me conseiller et m’apporter ses lumières. Ce jeune doctorant, que j’ai dérangé en pleine rédaction de thèse, connaît le sujet. Sa thèse, intitulée Le décor gravé des épitaphes chrétiennes de Rome (IIIe-VIIe siècles). Vers une christianisation du répertoire funéraire romain, est codirigée par Michel-Yves Perrin de l’École pratique des hautes études et Fabrizio Bisconti, professeur d’iconographie paléochrétienne (PIAC) et surintendant des catacombes de Rome. Auparavant, l’étudiant, titulaire d’un master en sciences de l’Antiquité, avait intégré l’Institut pontifical d’archéologie chrétienne (PIAC) à Rome où, durant trois ans, il fut formé à l’archéologie, la littérature, l’épigraphie et l’iconographie paléochrétiennes. Qu’il soit chaleureusement remercié de son aide. Son sujet de thèse a naturellement trouvé sa place dans ce dossier. Que de révélations, parfois surprenantes, à découvrir dans son article !
Beaucoup de légendes et de contre-vérités courent sur les catacombes. Nous avons demandé à Marie-Françoise Baslez, professeur émérite à l’université de Paris-Sorbonne, spécialiste de l’Antiquité du christianisme et du monde gréco-romain, de reprendre ces idées reçues et de les démonter scientifiquement. Histoire de nous remettre les connaissances à l’endroit avant de poursuivre plus profondément l’exploration.
Ensuite, nous avions besoin d’un historien et d’un archéologue pour restituer dans le temps et dans l’espace les sept siècles qui ont fait vivre ces lieux à la mémoire enfouie. Nous avons trouvé cet expert en Philippe Pergola, directeur de recherche au CNRS, et dont la bibliographie imposante prouve sa science du sujet. Mieux que d’autres, il était à même de donner des souterrains romains la lecture la mieux actualisée.
Les catacombes et leur premier art chrétien conservent encore quelques secrets bien gardés. L’une de ces énigmes avait chatouillé ma curiosité à la lecture du remarquable ouvrage de Jean-Michel Spieser, Images du Christ. Des catacombes aux lendemains de l’iconoclasme (éd. Droz, 2015). Professeur émérite à l’université de Fribourg, en Suisse, ce spécialiste de l’Antiquité tardive et de la période byzantine pointe du doigt l’image étonnante d’un Christ juvénile dans les décors funéraires. Jésus sans barbe !
Enfin, mon voisin de bureau se trouve être historien de l’art et bibliste et, qui plus est, il fut un temps étudiant à Rome. C’est ainsi que Dominique Pierre me parla de son étude dans les catacombes sur la place a priori déroutante de figures de l’Ancien Testament au milieu de scènes évangéliques. Sans ordre évident, et pourtant toutes répondent à une lecture cohérente si l’on se place du point de vue du défunt chrétien. Merci à lui d’avoir livré ici la clé de compréhension de ce méli-mélo biblique et évangélique.
Puisse ce dossier servir de guide dans les dédales romains des débuts de l’histoire chrétienne.

Benoît de Sagazan

Sommaire du dossier «Rome, mystérieuses catacombes»

Au-delà des mythes et des légendes, par Marie-Françoise Baslez

Dans les dédales de sept siècles d’histoire, par Philippe Pergola

Ce que révèlent épitaphes et images funéraires, par Aurélien Caillaud

Un Christ juvénile bien énigmatique, par Jean-Michel Spieser

Noé, Jonas et Daniel héros du premier art chrétien ?, par Dominique Pierre

Chronologie du dossier

Le cubiculum des boulangers restauré au laser, par Estelle Villeneuve

Lecture biblique : le vrai berger, par Gérard Billon
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